le Struthof-Natzwiller

Samedi matin, visite du Struthof, camp de concentration et d'extermination construit par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale en Alsace.

Des milliers de personnes y ont souffert et y sont mortes.

Cette visite nous a profondément bouleversé.

l'après-midi, nous prenons conscience de la vie qu'ont eu les Alsaciens et les Mosellans annexés par le III° Reich d'Hitler.

l'entrée du camp du Struthof-Natzwiller
l'entrée du camp du Struthof-Natzwiller

Camp de concentration de Natzwieler-Struthof


I.L'historique :



Peu après l'annexion de l'Alsace et de la Moselle par le Reich nazi, Himmler, alors chef de la Gestapo, et Oswald Pohl, chef principal d’économie de la SS ont eu l'idée d'installer des camps à proximité des carrières afin d'y faire travailler les déportés dans le cadre du DEST (Deutsche Erd- und Steinwerke), entreprise minière SS créée par Himmler.





C'est au cours d'un voyage d'observation qu'Albert Speer, architecte du Reich, nota la présence dans la région d'un granit rose extrêmement rare. La décision fut alors prise d'y installer un camp visant à l'extraction du granit par les déportés. C'est le géologue colonel SS Karl Blumberg qui trouva le meilleur site pour l'extraction dudit granit et qui détermina l'emplacement du futur camp3.

Sous le nom de «KL Natzweiler-Struthof», le camp est officiellement ouvert le 21 avril 1941. Environ 80 SS en assurent l'encadrement et l'administration. Prévu initialement pour recevoir un total de 2 000 prisonniers, le camp-souche du KL en compte près de 7 000 à la fin du mois d'août 1944. Il comprend aussi environ 70 commandos, camps annexes répartis en Alsace, en Moselle, et surtout en Allemagne.

Le camp a par ailleurs servi de centre d'exécution pour de nombreux résistants issus de la majeure partie des pays occupés par l'Allemagne nazie et condamnés par la Gestapo.



Témoignage du déporté Aimé Spitz : « Hors du camp, à quelque 100 mètres, se trouvait une sablière. C'est là qu'environ cinq cents camarades furent fusillés, soit à coups de mitraillette, soit à coups de revolver dans la nuque. Un soir de printemps 1944, après 18 heures, onze Luxembourgeois appartenant à la Résistance furent fusillés dans cette sablière.





Ce genre d'exécution, ordonnée par le ministère de la Sûreté d'État de Berlin, avait lieu le soir après l'appel. Chaque fois que nous apercevions le soir des arrivants devant la Schreibstube (secrétariat du camp), nous savions qu'il s'agissait d'une Sonderbehandlung (traitement spécial). Ce genre de détenus ne figurait pas, la plupart du temps, dans le fichier du camp. Ils étaient amenés par la Gestapo pour être exécutés. Leurs corps étaient ensuite transportés au crématoire, de sorte qu'il n'y avait de trace nulle part. »

Les exécutions de ce type ne sont en effet la majeure partie du temps pas répertoriées dans les registres du camp, ce qui rend difficile, voire impossible, le comptage rigoureux et l'identification des victimes.



II.Le camp aujourd'hui :

Le camp de concentration du Struthof, mémoire vivante en Alsace.

À l’occasion des célébrations du 70e anniversaire de la libération des camps, François Hollande se rend dimanche 26 avril sur le site du Struthof-Natzweiler, seul camp de concentration du territoire français.

UNE MISSION DE MÉMOIRE ET DE TRANSMISSION

Propriété du ministère des anciens combattants, le site remplit à plein sa mission de transmission en accueillant 170 000 visiteurs par an, de toute la France et d’Europe, dont la moitié de scolaires.

Les nazis avaient quitté le camp à la dernière minute en 1944, pensant y revenir. Seuls quatre des 17 anciens baraquements ont été conservés : la baraque cuisine, la baraque prison (pour les sanctions en interne), une barque dortoir et le four crématoire. « Certains bâtiments étaient en mauvais état, ils auraient coûté trop cher à entretenir. Quant aux habitations des nazis, la majorité a été volontairement détruite en 1954. On a voulu garder la mémoire des martyrs, pas des bourreaux », explique Frédérique Neau-Dufour, directrice du Centre européen du résistant déporté, qui gère le site.

Un important programme de restauration de l’ensemble, sous l’égide de l’architecte des monuments historiques, a commencé l’an dernier. Les couleurs et matériaux d’époque sont recherchés, jusqu’aux bonnes céramiques pour la table de dissection. Mais pas question d’ajouter des mannequins ou de la 3D. « Les lieux parlent d’eux-mêmes, nous devons respect aux morts », poursuit Frédérique Neau-Dufour.

Son espoir, au-delà du travail de mémoire : « contribuer à véhiculer la valeur de l’engagement ». La visite du guide que nous suivons s’achève d’ailleurs par ces mots : « C’est à nous tous de faire en sorte que l’humanité ne connaisse plus jamais cela. »